Le Secrétaire général de l’Organisation des États Américains (OEA), Albert R. Ramdin, a présenté aujourd’hui au Conseil permanent une Feuille de route complète visant à apporter des solutions concrètes à la grave crise sécuritaire et institutionnelle en Haïti, tout en renforçant la coordination de la coopération internationale et régionale.
La Feuille de route est disponible ici.
La fiche d’information sur la Feuille de route est disponible ici
Le plan a été élaboré en consultation avec les autorités haïtiennes, la Communauté des Caraïbes (CARICOM), les Nations Unies, la Banque interaméricaine de développement (BID), l’Organisation panaméricaine de la Santé (OPS), l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA) et la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) en Haïti, conformément au mandat de l’Assemblée générale de l’OEA de juin 2025.
Cette Feuille de route, dirigée par Haïti et appuyée par la communauté internationale, offre un cadre pour relever la crise de gouvernance et de sécurité la plus grave de l’hémisphère occidental. Aujourd’hui, les gangs armés contrôlent près de 90 % de Port-au-Prince, causant plus de 5 600 morts en 2024, déplaçant 1,3 million de personnes (dont 25 % d’enfants) et entraînant des besoins humanitaires sans précédent. Actuellement, 4,7 millions d’Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, plus de 60 % n’ont pas accès à de l’eau potable et moins de 25 % des établissements de santé dans les zones critiques sont fonctionnels.
La Feuille de route est un plan dynamique et évolutif qui sera mis à jour en fonction des circonstances et des besoins changeants en Haïti, ainsi que des nouveaux apports des parties prenantes et partenaires.
Caractéristiques clés de la Feuille de route
• Leadership haïtien et appropriation nationale : Le plan vise à renforcer les institutions nationales et à garantir la souveraineté, avec un soutien international coordonné à travers l’OEA, la CARICOM, l’ONU et les partenaires interaméricains.
• La sécurité d’abord : Reconnaissant que la sécurité est la base du progrès, la Feuille de route donne la priorité à la stabilisation et au rétablissement de la paix comme condition préalable à l’accès humanitaire, au consensus politique, à la légitimité électorale et au développement durable.
• Action intégrée et séquencée : Les mesures d’urgence seront liées à des réformes structurelles afin de garantir à la fois un soulagement immédiat et une résilience à long terme.
• Droits de la personne et redevabilité : Un engagement transversal envers la transparence, l’État de droit et la protection des droits sera mis en œuvre à travers un Tableau de bord de la Feuille de route pour Haïti, afin de suivre les progrès et les contributions des bailleurs.
Cinq piliers stratégiques
1. Stabilisation de la sécurité et rétablissement de la paix – Mesures immédiates pour sécuriser les corridors et les infrastructures clés, suivies par la reconstruction de la Police nationale haïtienne, la réforme du système judiciaire et le démantèlement des économies criminelles transnationales. Coût estimé : 1,336 milliard USD.
2. Consensus politique et appui à la gouvernance – Ce pilier répond au besoin de légitimité politique parallèlement à la sécurité. Il se concentre sur l’accompagnement de la transition d’Haïti vers une gouvernance stable, inclusive et responsable, jetant les bases d’une nouvelle constitution et d’un renouveau démocratique au-delà de l’échéance du 7 février 2026. Il s’appuie sur le travail du Groupe de personnalités éminentes de la CARICOM et du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). L’OEA accompagnera la CARICOM afin de fournir un appui coordonné et une assistance technique pour convoquer un dialogue national inclusif. Coût estimé : 8 millions USD.
3. Processus électoraux et légitimité institutionnelle – Appui au Conseil électoral provisoire (CEP) et à l’Office national de l’identification (ONI) pour garantir des élections libres, justes et transparentes. Coût estimé : 104,1 millions USD.
4. Réponse humanitaire – Fourniture d’une aide vitale en matière d’alimentation, d’eau, de santé, d’éducation et de logement, tout en renforçant la résilience communautaire et la protection de la dignité humaine. Coût estimé : 908,2 millions USD (données ONU).
5. Développement durable et progrès économique – Rétablissement des services de base, promotion d’une agriculture résiliente au climat, renforcement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME), expansion des infrastructures et développement des systèmes de protection sociale. Coût estimé : 256,1 millions USD (données BID).
Le coût total estimé de la mise en œuvre de la Feuille de route entre 2025 et 2028 est de 2,6 milliards USD, à partager entre les partenaires internationaux.
Gouvernance
La structure de gouvernance proposée pour la mise en œuvre comprend un Mécanisme du groupe de coordination (MGC) composé de l’OEA, des Nations Unies et de la CARICOM, formant un mécanisme tripartite pour appuyer la stabilisation et la relance d’Haïti. Elle inclut également le Groupe des amis d’Haïti, le Groupe interdépartemental de l’OEA sur Haïti, d’autres espaces interinstitutionnels à établir en coordination avec les parties prenantes, ainsi que la nomination éventuelle d’un Représentant spécial de l’OEA.
Déclaration du Secrétaire général
En présentant la Feuille de route, le Secrétaire général Ramdin a déclaré :
« Haïti traverse une crise grave qui requiert toute notre attention immédiate. Voici un plan pour faire face à cette crise, qui commence par la sécurité comme priorité absolue et dont l’objectif final est de rendre Haïti pleinement autonome dans les plus brefs délais. Ce plan évoluera et s’adaptera aux circonstances changeantes. En matière de financement, ce n'est pas à un ou deux pays d'en supporter seuls la charge: cela exige l’engagement de tous les États membres. La coordination et le financement seront essentiels à la réussite. J’appelle tous les États membres à faire leur part. Haïti a besoin d’aide et nous devons la fournir. »
Prochaines étapes
• Continuer la cartographie des initiatives existantes et renforcer la coordination avec le Mécanisme du groupe de coordination (OEA, CARICOM, ONU, autorités haïtiennes).
• Faciliter le dialogue avec le Conseil présidentiel de transition et les acteurs haïtiens pour faire avancer la réforme constitutionnelle et éviter un vide politique en février 2026.
• Mener des consultations avec les parties prenantes et les équipes techniques sur les activités par pilier.
• Convoquer une Conférence internationale des bailleurs de fonds avec la BID pour mobiliser des ressources alignées sur les priorités de la Feuille de route.
• Lancer la conception et la mise en œuvre du Tableau de bord de la Feuille de route pour Haïti, en garantissant la transparence, le suivi en temps réel et l’alignement des contributions.
Référence : F-047/25